Ils sont seize, huit garçons et huit filles. Ils ont entre 15 et 20 ans et ont osé franchir le pas, tenter la grande aventure, celle d’un concours destiné à représenter la jeunesse du pays. Pourquoi ? « Pour tenter l’aventure et découvrir autre chose » pour certains ; « pour se lancer un défi personnel ou soigner sa timidité » pour d’autres. Mais tous sont unanimes : « on apprend plein de choses sur soi-même, on noue des nouvelles amitiés et c’est vraiment une super aventure ». Mais loin du stress et des paillettes, à quoi rêvent ces jeunes ? Que pensent-ils de l’avenir du pays ? De la jeunesse qu’ils sont censés représenter ? Bref, ya quoi sous le chapeau ?
Pas de facebook, pas de vie !
Sous le chapeau, et entre les mains tout au long de la journée, il y a, sans surprise, Facebook ! « On s’informe, sur nos passions, sur ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, sur ce que font les copains » explique Nathan tandis que qu’Elodie ajoute : « on est dessus en permanence, toute la journée, dès qu’on a un moment de libre entre les cours ». En bonne place parmi les pages consultées, celles qui traitent de leurs passions (moto, mode..) mais également des pages d’actualités et d’informations. Serait-ce à dire que ces jeunes s’intéressent à ce qui se passe dans leur pays ?
Insouciance ? Quelle insouciance ?
Encore une idée souvent répandue battue en brèche : ces jeunes s’intéressent à l’actualité, se sont forgés une opinion sur des sujets aussi importants que la jeunesse, la délinquance ou l’avenir du pays. Vous avez dit insouciance ? « La jeunesse de Nouvelle-Calédonie, elle pourrait être meilleure » affirme ainsi Elodie, appuyée par Morgane, Nathan, Cassy, Yorik et les autres : « il y a de plus en plus de délinquance, de vols, de bagarres, même dans les lycées… Et souvent on ne se sent pas en sécurité. Pour nous la situation se dégrade ». Principaux responsables ? « Les parents qui ne sont pas assez sévères ou présents » répondent-ils unanimement. Autre cause évoquée, le racisme interethnique : « souvent les communautés vivent côte à côte, pas ensemble. Alors qu’il ne faut pas se poser la question de l’ethnie, il faut regarder le fond de la personne. Mais il y a encore trop de racisme en Calédonie et ça entraine des problèmes ». Le manque d’animations est aussi évoqué : « il n’y a pas assez de choses à faire quand on est jeune. Aller à la plage c’est bien mais on ne peut pas faire ça tout le temps. Il faudrait des centres commerciaux, des parcs d’attraction…» La Gold Coast serait-elle la référence ? Oui et non car « en même temps, on aime notre pays comme ça. La nature est belle, le climat est super ! » Tiraillés entre la consommation à tout va et une vie au naturel ? Sans doute…
Un attachement au pays
Ce qui fait également l’unanimité, c’est l’attachement au pays, parfaitement résumé par Elodie : « on est né ici, notre famille est ici et même si on a envie de partir c’est toujours ici qu’on reviendra vivre ». Alors, s’il est bien question de partir faire ses études ailleurs pour certains, ou de voyager, une certitude est là : retour au pays pour participer à sa construction. « Mais si on revient et que le pays est indépendant, on fait quoi ? » lance alors Kéziane. «C’est clair qu’on se pose des questions sur l’avenir et sur l’indépendance » explique Morgane tandis que Nathan précise «même si la France a fait des erreurs quand elle est arrivée ici, il faut réussir à dépasser ça ». «On n’est pas indépendant et ça va déjà mal alors s’il y a l’indépendance qu’est-ce que ça va donner ?» renchérit Aurélie. « Oui mais il faut revenir au pays car même si c’est difficile de faire évoluer la Calédonie, c’est nous qui allons construire le pays de demain ». Et la politique du coup dans tout ça ? « On suit un peu les actus au journal mais on y comprend pas grand-chose. Le gouvernement, les provinces, c’est trop compliqué pour nous. On commence à l’apprendre au lycée.» Et c’est également cet attachement au pays qui explique leurs préoccupations environnementales : « Il faut préserver notre pays, la nature, le lagon. Il faut faire ce qu’on peut à notre niveau, au quotidien, comme trier les déchets par exemple. »
Une valeur fondamentale : la famille
Encore un coup de pied aux idées reçues : « le plus important c’est la famille, avant les amis et tout le reste ! déclarent-ils tous en chœur. Nos parents ils sont là pour nous, depuis toujours. Ils nous aident et nous soutiennent » Viennent ensuite les amis qui « sont comme une deuxième famille ». Et l’amour dans tout ça ? La réponse fuse aussitôt : « l’amour c’est compliqué ! ». S’en suit un grand éclat de rire collectif et quelques explications : « le problème c’est qu’on s’arrête souvent au physique et qu’on découvre ensuite comment est réellement la personne. Avec pas mal de déception… » Encore un peu d’apprentissage en vue donc.
Un avenir radieux ?
Et l’avenir personnel ? Source d’inquiétude ou keep calm ? Un peu des deux semble-t-il, même si au final, c’est l’optimisme qui l’emporte. « Il faut être heureux de ce que l’on a. Le bonheur c’est de faire ce qu’on aime avec les gens qu’on aime, tout simplement » explique Yorik. « Partir en brousse, profiter de la nature, loin des voitures. Faire le coup de chasse, le coup de pêche » ajoute Morgane. Et pour l’avenir ? « Faire le métier qu’on aime, fonder une famille, voyager pour découvrir d’autres cultures ». Plutôt optimiste donc ? « Oui » répondent-ils tous ensemble, même si comme le précise Bruno, déjà confronté à la vie active : « ce n’est pas simple de trouver du travail. Soit on te demande de l’expérience, soit tu n’as pas la bonne formation. » Finalement, c’est bien d’être jeune en Calédonie ? « Oui ! C’est vrai que parfois on se plaint qu’on tourne un peu en rond, que comparé à l’Australie il n’y a pas grand-chose à faire. Mais au final, on a une belle vie ici. Il n’y a pas de guerre, pas d’attentat. Il y a bien sûr des problèmes comme la délinquance, la vie chère mais le climat est bon, la nature est belle. »
Alors, y’en a là-dedans n’est-ce pas ?