« Je viens de réussir mon bac gestion administrative au lycée Escoffier et je suis de retour à Thio pour les vacances, annonce Maureen, mais toute l’année je suis la semaine à Nouméa, en internat. » Entre la liberté que lui procure la vie à Nouméa et la quiétude rassurante d’une vie familiale à Thio, Maureen a fait son choix sans hésiter : ce sera Thio !
Hors de Thio, la liberté…mais l’appréhension du départ
« Nouméa c’est la liberté, surtout par rapport aux parents, à la famille. On peut aller au cinéma, au fast food, à la plage. Nouméa c’est aussi là où on fait des rencontres » précise la jeune fille en ajoutant : « c’est vrai aussi que j’aimerai voyager, sortir de Nouvelle-Calédonie, regarder un peu comment on vit ailleurs, en France par exemple. Mais cela me fait un peu peur, surtout de quitter la famille et le village, car ici on se connait tous et on s’entend vraiment bien. C’est pourquoi si je peux, je préfère rester vivre à Thio. » Cette peur du départ est d’ailleurs ce qui pousse Maureen à attendre avant de se décider pour le choix de ces études : « je ne sais pas encore exactement ce que je veux faire, partir ou pas, pour quelles études…C’est difficile de se décider. Donc pour le moment je reste ici et je prends mon temps. » Ce n’est pas la raison qui parle ici, mais bel et bien l’appréhension d’un départ. Et pour nombre de jeunes calédoniens, poursuivre ses études signifie départ et éloignement de la famille.
Rester à Thio, en famille
Une qualité de vie à Thio que Maureen apprécie pleinement :« Nous sommes 13 quartiers et 3 tribus. On se retrouve au village ou lors des coutumes, des animations. Et même si la commune manque de structures, comme une maison pour les jeunes par exemple, moi je préfère vivre ici. » Vivre ici à Thio plutôt qu’à Nouméa alors que la Capitale est considéré comme un espace de liberté ? « Oui, car ici c’est chez moi et c’est là que vie ma famille. Et la famille c’est plus important que tout ! »
La délinquance à Thio, une vraie souffrance
Les faits de délinquance à Thio sont sur toutes les bouches et représentent une vraie souffrance pour les jeunes. « Cela nous touche et nous fait très mal quand on voit la première page des Nouvelles sur Thio. C’est comme si on nous mettait une étiquette. » Mais, à côté de cette souffrance, la jeune étudiante avoue aussi : « c’est à nous de changer cette image, à nous et aux parents des enfants qui font ces actes car l’éducation commence à la maison. Ce n’est pas aux coutumiers ou à l’école d’élever les enfants, mais bien aux parents. »
Une coutume rassurante
Parfois dénoncée comme une contrainte ou un poids, la coutume semble être vécue naturellement au quotidien par Maureen : « la coutume démarre dès la naissance, avec le tonton qui donne le souffle de vie, et elle nous accompagne toute notre vie. On ne peut pas vivre sans elle mais en même temps, on n’y pense plus car elle fait partie intégrante de nous. Moi je le vis très bien, ce n’est pas une contrainte, au contraire, c’est rassurant. »