
« C’est un immense honneur de vous accueillir et de pouvoir profiter de votre expérience Ô combien unique sur le traitement des violences faites aux femmes a déclaré Philippe Michel, Président de la province Sud en guise d’introduction, c’est un enjeu majeur dans un pays qui va devoir décider de son avenir en préservant la paix. Merci d’être venu de si loin pour nous accompagner sur ce chemin». Avec 800 procédures de violences conjugales au tribunal de Nouméa pour la seule année 2015, la Nouvelle-Calédonie peine à alléger ce « chiffre noir » d’1 femme sur 4 victime de violence au moins une fois dans sa vie. « Il faut agir vite, s’attaquer aux causes et non aux conséquences » martèle Nicole Robineau, élue provinciale en charge de la Condition Féminine « le pôle social qui est l’un des trois axes de la Mission à la Condition Féminine, fait de cette lutte une priorité ».
Agir dès le premier coup porté
Le témoignage de Luc Frémiot, saisissant de vécu et d’humanité, a su convaincre l’auditoire.
Pour l’avocat général il est urgent de prendre très au sérieux les affaires de violences conjugales et ce, dès les premiers coups. « Il faut proscrire les mains courantes qui n’amènent rien de concret et mettre en place des enquêtes complètes de manière systématique, affirme-t-il. Se saisir des affaires dès le début permet d’éviter les effets de seuil qui sont on ne peut plus pervers et se soldent majoritairement par des récidives ». La démarche résolument novatrice et dynamique de Luc Frémiot s’illustre également dans le fait d’éloigner le conjoint violent du domicile familial et de le placer dans une situation de perte de repères. « Mettre systématiquement l’auteur de violence en garde à vue provoque un premier choc psychologique, ensuite on le place dans un endroit qu’il ne connait pas, un foyer par exemple, avec interdiction de rentrer chez lui. Soyez sûrs que la perte de repères que cela implique l’amènera à se poser des questions, à réfléchir sur son comportement et sur les modalités du passage à l’acte».
Une double prise en charge
Et du côté de la victime ? Se retrouver seule chez elle, dans une situation de légitimité est également extrêmement bénéfique. « Vous savez, c’est extraordinaire de découvrir qu’on a des droits quand on est battue depuis 10 ans, 15 ans, et qu’on a oublié ! s’exclame le conférencier. Le processus de dévalorisation qu’engendre les violences conjugales gangrène le cœur et l’âme, il entraine une paralysie psychologique où l’on ne mesure plus ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas ».
Pour Luc Frémiot, la solution réside donc dans une rapide double prise en charge des conjoints : « travailler tant qu’il est encore possible de faire changer les choses pour enrayer le processus. L’idéal étant que la même association s’occupe des deux conjoints pour permettre un traitement adapté ». Parce que la défense des droits des femmes est un combat qui ne connait pas de répit, ces pistes de réflexions ont été accueillies avec enthousiasme par les spectateurs.