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« Y-a-t-il un hip-hop calédonien ? »

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Ecrit le 15 avril 2016 par la province Sud
Après avoir été longtemps connotée négativement, la culture hip-hop a acquis, ces dernières années, ses lettres de noblesse. Tout particulièrement en Nouvelle-Calédonie, où, enrichie des cultures locales, elle s’est implantée pour former une sorte de syncrétisme culturel.

C’est en tout cas la conclusion de la causerie organisée hier soir au Centre culturel Tjibaou durant laquelle tous les précurseurs et acteurs du mouvement en Nouvelle-Calédonie ont tenté d’apporter des éléments de réponse à cette question : « Y-a-t-il un hip-hop calédonien ? »

En 2014, le mouvement hip-hop mondial a 40 ans.  Mais en Nouvelle-Calédonie, ses prémices ont lieu au milieu des années 80. 30 ans, c’est l’âge de raison pour « les enfants terribles » du hip-hop calédonien. Le moment est donc venu de regarder le chemin parcouru et de s’interroger sur ce que ce mouvement a apporté mais aussi comment il a évolué. Léonard Sam, président de la commission de la culture de la province Sud a salué l’initiative de cette causerie : « Nous arrivons au terme de la Quinzaine du Hip-Hop, et je félicite Hassan Xulue, leader de Résurrection crew de lancer ce débat : Y-a-t-il un hip-hop calédonien ? ». Pour retracer l’historique, un extrait du documentaire réalisé en 2009 par Vincent Lépine « Pour exister » est présenté à l’assistance. Dans le film, danseurs, rappeurs, graffeurs et dj livrent leur manière de concilier leur propre culture et cet apport venu de l’extérieur. Les clips vidéos des artistes new-yorkais ou d’ailleurs véhiculent des images de gloire, de liberté et un insolent esprit de rébellion qui attirent les jeunes du monde entier, mais les artistes locaux n’oublient pas pour autant d’où ils viennent.

Un début difficile…

Comme on s’en doutait, l’arrivée du hip-hop en Nouvelle-Calédonie n’a pas été de tout repos. Patrice Kaikilikofe, un ancien rappeur se souvient : « En 1985, on faisait déjà des battles sur l’ancienne place des taxis et ça finissait souvent en baston ! » Dans la salle, les rires éclatent car ce temps est révolu. Le mouvement hip-hop et les disciplines qui le composent sont définitivement élevés au rang d’art. Le graff, lui non plus, n’avait pas encore gagné ses lettres de noblesse et s’affichait sur les murs en toute illégalité : « On était des vandales ! Un matin, vous vous réveillez et vous voyez des dessins sur des murs alors qu’ils n’étaient pas là veille. » Et puis, il y a des histoires de revanche sur la vie comme celle de Yoan Ouchot, dit « Lil’Yo ». A 31 ans, c’est le seul bboy à vivre de son art. « Je viens d’un milieu pauvre et j’avais la rage en moi, témoigne-t-il ému. Je voulais danser mais au début, personne ne voulait de moi. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui ont cru en moi comme Richard Digoué et m’ont donné ma chance.» Les structures comme le Rex ou le Mouv’ n’existaient pas, les jeunes dansaient dans la rue et partout où ils pouvaient. Ils n’étaient pas soutenus par les institutions qui les voyaient comme des éléments perturbateurs.

Un mouvement fédérateur

En Nouvelle-Calédonie, le hip-hop a évolué en s’enrichissant de la culture locale pour former un mouvement qui est désormais propre au pays. «  Il y a la même énergie entre  les danses traditionnelles kanak et la danse hip-hop » souligne Simane, une figure connue du milieu hip-hop calédonien. Loin d’éloigner les jeunes de leur culture il leur fait prendre conscience de sa richesse. « Grâce au hip-hop, je me suis rapproché de ma propre culture » assure Hassan Xulue. Il n’est pas rare que les danseurs fassent la coutume avant un battle. La place et l’image de la femme dans le hip-hop sont même valorisées dans la société kanak. Kelly Caihe, membre de Saïan Breaker crew et de la compagnie Nyian raconte : « Quand je rentre à Lifou, ma famille attend avec impatience que l’on fasse une démo de hip-hop. C’est quelque chose qui est rentré dans les mœurs. » Tous s’accordent à dire qu’il existe une grande famille du hip-hop qui regroupe toutes les cultures car la spécificité de ce mouvement  est l’ouverture vers le monde et vers l’autre quel qu’il soit. Loin de l’image de voyous, le hip-hop est aujourd’hui considéré comme un mouvement fédérateur souligne Hassan Xulue : « Nous défendons la culture hip-hop avec passion car elle est un vecteur de développement culturel et social ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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