
Certes, le comportement du requin tigre responsable de l’attaque mortelle d’avril 2016 a été jugé « totalement atypique et anormal » par Laurent Vigliola, chercheur et biologiste marin de l'IRD. Certes, des arrêtés d’interdiction de baignades avaient été immédiatement pris et la mairie de Bourail, en collaboration avec la province Sud, avait lancé à la fois des campagnes de capture et une enquête pour essayer d’élucider les causes de cette surprenante attaque. Mais il n’en reste pas moins qu’ « il faut désormais se pencher sur la façon dont nous traiterons un tel épisode s’il venait à se reproduire, expliquait Philippe Michel, lors de sa conférence de presse du 22 juin 2016, car le risque zéro n’existe pas. ». La seule mesure efficace est donc la mise en œuvre d’un plan de balisage et de surveillance. «Ces plans sont très coûteux, de l’ordre de 15 millions pour le balisage et de 10 millions par tours de surveillance, mais au vu de l’impact sur la sécurité mais également économique, nous ne pouvons pas ne pas financer ».
Balisage, surveillance et assainissement
Après avoir étudié les différents dispositifs de protection liés au risque requins de par le monde et avoir fait appel à l’expertise de Williams Robbins, docteur en écologie marine et spécialiste en recherche appliquée d’aide à la décision des gestionnaires et des collectivités concernant les requins, en décembre 2016, la Province a mis en œuvre un plan global qui comprend un plan de balisage, un plan de surveillance et un plan d’assainissement global de Poé. Etudié depuis deux ans et ayant reçu un avis favorable de la commission des affaires maritimes fin 2015, le plan de balisage, s’il ne règle pas à lui seul la problématique de la surveillance contre les requins, est important pour régler les conflits d’usage sur le lagon et permettre un plan de surveillance sur les zones délimitées. Le plan de surveillance, quant à lui, comprend, selon une technique qui a fait ses preuves en Australie, aux USA ou en Afrique du Sud, une observation par point haut. « Pour fonctionner sur Poé, l’observation doit être faite sur terre, à 5 m de haut. 2 tours d’observations sont ainsi opérationnelles depuis le 29 décembre, de 8h à 17h et en fonction de l’amplitude des marées. Elles permettent un visuel 7 mètres, ce qui permet de signaler toute entrée de requins dans la zone de baignade. 150 jours de surveillance à l’année sont prévus, répartis sur les vacances scolaires, les jours fériés et les week-ends » explique le capitaine Thomas, sapeur-pompier de Bourail en charge de l’optimisation de la surveillance des baignades. « Un système de filet amovible est également opérationnel en cas de présence avéré de squale.» Enfin, un plan d’assainissement global de Poé, en direction de la plage et des riverains, est à l’étude. De quoi rassurer les visiteurs et se baigner en toute sécurité.