Malgré la dépression qui a frappé durement la côte Est du 16 au 26 novembre, les 16 chercheurs de l’expédition sont revenus avec le sourire aux lèvres de leur aventure de deux semaines dans la forêt de Bwin Bwa. Et pour cause. Entre les criquets, grillons, blattes, phasmes, escargots, fourmis et autres coléoptères collectés, ils ont a priori identifié près de 50 nouvelles espèces pour la science. Une grande source de satisfaction pour l’équipe de scientifiques qui a vécu en totale autonomie dans une zone vierge de toute présence humaine, dans des conditions parfois difficiles. « A plus de 1 000 mètres d’altitude, les températures dépassaient rarement les douze degrés la nuit et nos affaires étaient trempées en raison de la pluie qui est tombée non-stop pendant une semaine », raconte l’un des chercheurs.
Petits mais costauds
« Ce n’est pas parce que les insectes sont tout petits qu’ils ne font pas le travail. Ce sont les ingénieurs de la forêt », argumente Olivier Pascal. Le chef de mission de l’expédition Côte Oubliée fait ici référence à cette biodiversité « négligée » que le programme Planète Revisitée a traquée jour et nuit sur cette parcelle montagneuse reculée. Autrement dit, ces petites bêtes qui n’intéressent pas les gens et qui les effraient parfois, mais qui, pourtant, sont essentielles à l’équilibre de l’écosystème. Autant d’insectes que les botanistes et les entomologistes ont cherchés à collecter et à identifier pendant 15 jours, chacun avec leur méthode propre. Le chercheur de l’IRD, Jérémy Anso, a pour sa part utilisé des enregistreurs sonores afin d’identifier les espèces nouvelles. Il peut reconnaître un grillon à sa seule façon de chanter. Des études qui, mises bout à bout, ont permis de dresser un inventaire le plus complet possible de la biodiversité de forêts oubliées et d’identifier les nouveaux spécimens. Lesquels seront prochainement présentés sous forme de poster, voire de livre.
Faire progresser la connaissance
Reste que l’expédition interpelle. En témoigne le nombre d’habitants venus assister à la restitution à Grand Borendy. « Quelle est la finalité de ce travail ? », s’interroge Joseph Nékaré de la tribu. La connaissance générale de la nature, affirment les scientifiques. D’après eux, les insectes sont les animaux les plus méconnus en Nouvelle-Calédonie. Olivier Pascal présente un argument supplémentaire. « Quand on connaît, on peut décider. Pour aménager le Territoire – construire une route, un barrage ou encore étendre la mine - il faut de l’information sur le milieu naturel. Cela permet de savoir ce qu’on perd et ce qu’on laisse», précise-t-il. Une sorte d’aide à la décision. « Les informations collectées sont aussi des indicateurs de l’état de l’environnement et de l’impact de l’homme sur le milieu», ajoute Emmanuel Coutures, chargé de mission à la Direction de l’Environnement, qui fait par ailleurs état d’un nombre inquiétant de cochons et de cerfs – des espèces invasives - sur le lieu de l’étude. « Merci pour ce travail bénéfique. On sait maintenant que certains endroits comportent des espèces endémiques. On peut s’appuyer sur ces informations pour notre travail », conclut Joseph Oundo, président du conseil du district de Grand Borendy.
Prochains rendez-vous
Mercredi 7 décembre : restitution finale à Nouméa, au gouvernement
Jeudi 08 décembre : restitution publique à l’Auditorium du CAPS
Le programme Planète revisitée est mené par le Muséum national d’histoire naturelle de Paris (MNHN) et l’ONG Pro-Natura international, en partenariat avec l’IRD, l’IAC, l’INRA ou encore le CNRS.
Les coutumiers ont suivi la mission scientifique avec attention.