
Luc Frémiot, avocat général auprès des cours d’assises de Nord et du Pas-de-Calais est venu à l’invitation de la province Sud, présenter trois conférence-débats sur un sujet dont il s’est fait le fervent défenseur : la lutte contre les violences conjugales. Le premier rendez-vous s’est déroulé lundi soir avec la projection du film « L’Emprise ». Ce long-métrage évoque une affaire dans laquelle, il a obtenu l’acquittement d’Alexandra Lange, une femme ayant tué son mari violent en état de légitime défense. Environ 150 personnes sont venues assister à cette projection à l’Université. Après le choc des images, Luc Frémiot a entamé un échange avec le public sur le sort de ces femmes ainsi que des dispositifs judiciaires et sociaux existants pour les aider. Le magistrat souligne que le cas d’Alexandra Lange est plutôt rare dans les affaires de violences conjugales : « La plupart du temps, ce sont les femmes qui sont tuées et non leurs bourreaux. » Pourquoi les femmes battues ne quittent-t-elle pas leur conjoint ? Pour le magistrat, les raisons ne peuvent être expliquées qu’en tenant compte de plusieurs paramètres. La complexité des situations et la spirale infernale dans laquelle elles sont emprisonnées autant émotionnellement, affectivement que matériellement, altèrent leur perception et les empêchent de prendre la bonne décision. « Elles ne veulent pas séparer les enfants de leur père. Il y a aussi la peur des représailles. » A cela, s’ajoute le sentiment de honte qui les font parfois adopter une attitude déni, c’est un mécanisme de défense que le magistrat a pu observer.
Luc Frémiot, avocat général
1 femme sur trois a déjà été victime de violence dans le monde
1 femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint, en France.
« Prendre en compte les auteurs de violences »
En Métropole, Luc Frémiot a fait de la lutte contre les violences conjugales une priorité de sa politique pénale en instaurant un dispositif législatif qui prône l’éloignement des conjoints violents du domicile. Ce dispositif pourrait être relayé en Nouvelle-Calédonie. C’est en tout cas ce qu’espère Nicole Robineau, présidente de la commission à la condition féminine : « La lutte contre les violences faites aux femmes est l’une de nos priorités car c’est un enjeu majeur de société. Des campagnes ont été menées auprès des femmes isolées dans les tribus. Le Relais prend en compte les auteurs des violences en même temps que les victimes. Avec Luc Frémiot et Alexis Bourroz, le procureur général, nous étudierons la possibilité d’adapter ce dispositif en Nouvelle-Calédonie. » Le film montre un certain dysfonctionnement des services publics qui, mis bout à bout, ont maintenu Alexandra Lange auprès de son mari violent et l’ont conduite jusqu’au geste fatidique. « Il y en aura toujours des dysfonctionnements » précise le magistrat, cependant l’éloignement du conjoint violent et non la victime et ses enfants permettrait au moins de les protéger. »
Luc Frémiot animera une conférence-débat gratuite, le mercredi 20 au centre socio-culturel de La Foa avec les professionnels sur le sujet « Pourquoi et comment privilégier l’éviction du conjoint violent ».