
De mémoire de président de l’assemblée de la province Sud, a déclaré Philippe Michel, « cela faisait bien longtemps que la province Sud n’avait pas reçu officiellement les membres du sénat coutumier ». Cette visite protocolaire a été organisée à la demande du sénat qui souhaitait se présenter et rencontrer les représentants de la province Sud, suite au renouvellement de ses membres en août dernier. La visite a débuté par une cérémonie coutumière où Philippe Michel au nom des élus et des secrétaires généraux a pris la parole : « Je voudrais vous remercier pour cette initiative qui a lieu après l’élection du nouveau sénat. Cette rencontre est à la fois utile et nécessaire pour voir comment nous pouvons échanger et travailler ensemble. »
Gilbert Tein, le nouveau président du sénat coutumier a souligné la mission particulière de cette institution qui dépasse le clivage des partis politiques et des contours géographiques pour se centrer uniquement sur l’intérêt de la population calédonienne dans son ensemble : « Nous sommes dans le même pays que cela soit la province Nord ou la province Sud ou encore celle des Iles Loyauté. Notre parole est une parole coutumière et non indépendantiste, ni même de gauche ou de droite. Nous sommes là pour tout le monde. Je le dis avec mon cœur. » Ce message a trouvé un écho auprès du président de la province Sud qui a affirmé : « Nous avons des choses à faire ensemble, une responsabilité : celle de travailler pour le pays tout entier au-delà de nos différences et de nos divergences. »
Des intérêts communs
Les sénateurs ont été conviés à une présentation générale de la province Sud et des dossiers spécifiques sur lesquels la collectivité travaille avec les aires coutumières. Il a été précisé, dans le secteur de l’économie et de l’emploi, que la province Sud a mis en place le Comité de Pilotage de Saint-Louis dont l’objectif est d’aider la population en difficulté d’insertion professionnelle à trouver un emploi. Des mesures concrètes ont été instaurées : parcours d’accompagnement social et professionnel, formations, etc. Egalement, des chantiers d’insertion sont mis en place dans toute la province Sud avec la participation active des coutumiers. Le budget prévu en 2016, pour les chantiers d’insertion s’élève à 250 millions de francs.
Dans le domaine de l’environnement, des comités locaux ont été créés afin d’améliorer l’information au public entre la population avoisinant les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE), les exploitants et l’administration. La volonté est de favoriser une meilleure transparence sur les activités des industriels. Christophe Obled, secrétaire général adjoint a précisé que « le développement durable est une priorité de la province Sud ».
Un des gros chantiers est le projet Gouaro Deva dans lequel une part importante est consacrée à la culture et au patrimoine kanak. Philippe Michel a souligné: « Ce site représente une richesse archéologique, c’est pourquoi une part importante du projet Gouaro Deva est consacrée à la valorisation de l’histoire kanak dans la Vallée Tabou. »
Enfin, d’autres projets en cours pourraient impliquer le sénat coutumier : l’enseignement des langues kanak, le mémoriel Ataï ou encore la toponymie kanak des noms de lieux.
La nécessité de définir un cadre
Les sénateurs ont exprimé leurs attentes et les difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur mandat. Le sentiment qui prévaut est que « leurs travaux ne sont pas pris en compte ». " Pourtant, souligne un sénateur, nous sommes une instance consultative, nous pouvons donner un avis sur n’importe quel sujet même si cela n’est pas de notre compétence. » Ce que reconnaît volontiers le président de la Province : « Il y a un certain nombre de sujets où les deux institutions ont des intérêts réciproques. C’est le cas du dossier sur lademande d’un moratoire d’exploitation de la Côte Oubliée par plusieurs sociétés minières et sur lequel j’aimerais que nous travaillions ensemble. »
Les deux institutions se sont accordées, à la fin de cette visite, à se rencontrer très prochainement pour définir le cadre dans lequel elles travailleront sur les sujets qui les intéressent réciproquement.